Réjane Sénac est directrice de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), et enseignante à Sciences Po. Elle est membre du Comité de pilotage du programme PRESAGE, membre du conseil scientifique de la Cité du genre et a présidé la commission parité du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), instance consultative auprès du Premier ministre. Docteure de l’IEP de Paris en science politique, elle est diplômée d’un troisième cycle de droit et d’une maîtrise de philosophie de l’Université de Paris I - Panthéon Sorbonne. Elle est titulaire de l’habilitation à diriger des recherches.
Réjane Sénac a interrogé 130 responsables d'association ou de collectif, entrepreneurs sociaux et activistes aux affiliations plurielles, afin de mieux comprendre leur rapport à l’émancipation, notamment la place qu’ils accordent au principe d’égalité. Lire la suite
S'approprier l’espace public, y prendre la parole pour dénoncer les injustices vécues : tel est le principal modus operandi des mobilisations contemporaines, des mouvements d’occupation des places à #MeToo en passant par les Gilets jaunes. Réjane Sénac a interrogé 130 responsables d’association ou de collectif, entrepreneurs sociaux et activistes aux affiliations plurielles, afin de mieux comprendre leur rapport à l’émancipation, notamment la place qu’ils accordent au principe d’égalité. Deux traits communs émergent de cette enquête : les mobilisations – pour la justice sociale et écologique, contre le racisme, le sexisme et le spécisme – sont radicales par les remises en cause et les utopies qu’elles portent, et fluides par leur refus d’un cadre fixe et définitif.
La transformation de la société passe par une diversité de tactiques et d’expérimentations. Plus de grand soir à l’horizon, mais des jardins partagés.
Comment comprendre la persistance des inégalités en France alors que l’égalité est proclamée centrale au pays des droits de l’H(h)omme ? C’est à cette question que Réjane Sénac répond dans cet essai dérangeant, bousculant et original. Elle remet en cause la conception française de l’égalité, comme un mythe à déconstruire pour tendre vers une égalité sans condition : en deçà du sexe, de l’origine sociale et ethno-raciale, de la religion et de l’orientation sexuelle. Autrement dit, nous ne serons égaux que si nous nous reconnaissons comme semblables et non comme complémentaires au regard d’identifications figées et figeantes. À travers une relecture critique de la devise républicaine, elle montre que l’égalité n’existera qu’en se libérant du récit de la performance de la mixité, incarné par des slogans tels que « la diversité, c’est bon pour le business » ou « la mixité est une valeur ajoutée », en particulier entre les femmes et les hommes. Si on ne veut pas vivre dans une société où même l’égalité devient une histoire de rentabilité et de success-story, il est urgent de se réveiller de ce « compte » de fée.
Avec une argumentation explosive, Réjane Sénac développe une pensée féministe novatrice et audacieuse. Des analyses de Thomas Piketty et de Raphaël Enthoven, en passant par le succès d’un rappeur comme Orelsan, elle montre comment on peut se dire pour l’égalité tout en participant à la reproduction des inégalités. Elle revient sur les combats actuels du féminisme français, de l’écriture inclusive aux polémiques suscitées par le mouvement #MeToo et les réunions non-mixtes féministes et anti-racistes.