Inès Vissouze - de Haven

Inès Vissouze - de Haven, qui fut ingénieur d’étude à l’INSERM, est aujourd’hui Secrétaire Générale de l’association des amis d’Alexandre Vialatte. Elle a travaillé pendant plusieurs années sur la correspondance entre Hélène et Alexandre Vialatte.

 

Hélène Vialatte (1896 - 1962), une femme active au cœur du XXème siècle.

 

Hélène occupe une place dans l'histoire des femmes au XXème siècle car elle illustre parfaitement la condition féminine à une période où leur rôle est en pleine mutation.
L'intérêt que je lui ai porté m'a conduite à m'interroger sur sa personnalité et ses choix de vie. Contemporaine des "années folles" puis témoin et actrice de la seconde guerre mondiale, elle m'a d'abord intriguée par sa double personnalité, selon les moments femme-soldat, femme amoureuse, mère tendre quoiqu'intransigeante, pionnière dans un métier difficile, précurseur de ce qui s'appellera plus tard la "gestion des ressources humaines".
Épouse d'Alexandre Vialatte, elle a joué un rôle discret sur l'écrivain. La grande force d'Hélène est son pouvoir de faire rêver, elle sait raconter des histoires, elle a une faculté d'enthousiasme magique dans ses moindres
remarques, elle est sa muse.
Hélène était en avance sur son temps. Aujourd'hui les femmes travaillent avec le fait "acquis" socialement et légalement d'assurer les apports nécessaires à leur autonomie financière et à leur épanouissement personnel aussi bien qu'au "gagne-pain" du ménage.
Comment est-elle parvenue à concilier les objectifs métier/carrière/famille alors que l'homme avait tous les droits de "chef de famille" et que la femme était assignée sans partage aux tâches ménagères ?
Pourquoi Hélène, femme indépendante, s'engage-t-elle dans le mariage, et pourquoi prend-t-elle consciemment le risque d'allier les rôles d'épouse et de
mère aux charges morale et physique d'un métier exigeant, alors qu'elle déclare que "pour l'exercer utilement, il faut non seulement posséder des connaissances techniques mais pouvoir y donner tout son temps" ?
Sans en faire une égérie féministe qu'elle ne fut pas, je voudrais la présenter dans les rôles multiples qu'elle a assumés, exposer les défis et les
enjeux auxquels elle a été confrontée, sa sensibilité sociale, son courage et son énergie jusque dans la maladie et la mort après "une vie riche, voulue et
acceptée" (Lettre-témoignage d'Annette Pourrat, 6 octobre 2018).