Chantal Meyer Plantureux est professeur en arts du spectacle et auteur d’essais sur le théâtre. Ses essais mettent en lumière les zones d’ombre du théâtre, celles que d’aucuns voudraient cacher sous le tapis.
Elle publie aux éditions CNRS une longue, riche et très documentée étude, titrée : Antisémitisme et homophobie, clichés en scène et à l’écran, XIXème – XXème siècles.
Dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, le Juif et l’homosexuel sont les figures réprouvées d’une époque marquée par une crise de l’identité masculine. La défaite contre la Prusse a été vécue comme un drame national, une preuve de l’affaiblissement de la France et de la dégénérescence de la « race ». Les coupables sont vite désignés : l’« invasion juive » et la dépravation des moeurs.
Très rapidement et de manière massive, le théâtre puis le cinéma se font l’écho de cet antisémitisme et de cette homophobie. Ils mettent en scène des Juifs et des homosexuels présentés sous des
dehors à la fois grotesques et répulsifs, en un jeu de correspondances qui éclaire puissamment les hantises liées à la sexualité, à la peur du mélange et au rejet de l’altérité.
De Renoir à Pagnol, de Sarah Bernhard à Sacha Guitry, des Goncourt à Gide, cette traversée du monde du spectacle est une véritable plongée au coeur de la société française de la fin du
XIXe à
la Seconde Guerre mondiale, qui fait de l’homme blanc, bourgeois, catholique et hétérosexuel, le pilier de la nation.