Camille Boutron est sociologue féministe et chercheuse à l’Institut des études stratégiques de l’École militaire (IRSEM). Ses travaux portent sur la participation des femmes aux conflits armés, la féminisation des institutions militaires, ainsi que sur les politiques internationales du genre dans le cadre de la paix et de la sécurité
Le monde combattant est-il exclusivement masculin ? L’émancipation féminine peut-elle s’obtenir par les armes ? À l’instar d’autres groupes armés du xxe siècle, les guérillas péruviennes ont pu compter sur une importante contribution féminine.
Mais la participation des femmes au dernier conflit armé a souvent été analysée au seul prisme de leur engagement au sein du parti maoïste Sentier Lumineux. Elles s’y sont en effet distinguées en raison de leur présence au sein de la haute hiérarchie du parti. Converties en véritables objets d’opprobre public, les militantes « sendéristes » ont dès lors cristallisé l’attention accordée aux femmes combattantes, éclipsant les autres formes de participation des femmes au conflit.
Proposant de dépasser l’effet de cristallisation qu’inspire l’image de la militante sendériste, cet ouvrage rend compte des multiples facettes de l’expérience combattante féminine. En retraçant différents itinéraires de vie de femmes ayant pris les armes pendant le conflit armé, il illustre les grands bouleversements ayant marqué la société péruvienne et offre un nouvel éclairage sur les moteurs de la violence politique.
L’analyse de l’expérience combattante féminine ainsi présentée rompt avec les approches classiques sur la violence et les conflits armés, en situant les rapports de genre au coeur de sa problématique.