Annette Wieviorka

Annette Wieviorka, née en 1948, est une historienne française, spécialiste de la Shoah et de l'histoire des Juifs au XXème siècle.
À partir de 1968, elle a enseigné dans le Secondaire puis a été détachée comme professeur de lettres et de civilisation française à l’Institut des Langues étrangères du Guangdong (Chine).
Après une agrégation d'histoire obtenue en 1989, elle obtient deux ans plus tard son doctorat (Université Paris XIII-Nanterre) sous la direction d’Annie Kriegel. Sa thèse publiée aux Éditions Plon en 1992 s'intitule "Déportation et génocide entre la mémoire et l’oubli".
Elle est par la suite détachée au CNRS puis devient Directrice de recherche au CNRS (CRHQ-Caen puis au Centre de recherches politiques de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Elle a été membre de la Mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France dite Mission Mattéoli (du nom de l'ancien ministre et résistant Jean Mattéoli) créée après le discours de Jacques Chirac reconnaissant la responsabilité de l'État français dans la déportation des juifs de France.
Faite Officier de la Légion d'honneur et nommée Commandeur de l'ordre national du Mérite, elle est aujourd'hui engagée dans le comité de soutien à l'Association Primo Levi (soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique).

 

Un portrait de groupe saisissant de jeunesse et de courage, aux prises avec une histoire tragique où rôde une mort presque certaine.

Ils s’appelaient Victor Zigelman et Henri Krasucki, Sophie Szwarc et Yanina Sochaczewska, Jacquot Szmulewicz et Étienne Raczymow, Paulette Shlivka et Esther Rozencwajg. Le plus jeune, en 1940, avait quatorze ans, le plus âgé moins de trente. Eux ou leurs parents, nés en Pologne ou en Roumanie, étaient venus en France chercher du pain et la liberté, la sécurité aussi croyaient-ils, car tous étaient juifs. Tous également étaient ou devinrent communistes, et résistants organisés au sein de la main-d’œuvre immigrée (MOI). L’histoire de ces quelques centaines de jeunes gens, enfants de Belleville ou de la rue des Immeubles industriels à Paris, est restée largement méconnue. Pourtant, son importance est déterminante pour la communauté juive elle-même, mais aussi pour l’histoire de la Résistance et de celle, si discutée, du PCF pendant l’Occupation. L’oubli qui les a frappés est d’autant plus surprenant qu’ils payèrent leur action d’un prix démesuré. Seule une minorité en réchappa.
De quel poids pesa leur identité juive, qui faisait planer sur eux une menace permanente, par rapport à leur engagement communiste, qui subordonnait tout à la défense de l’Union soviétique ? Ce dilemme fut dramatique pour beaucoup d’entre eux, notamment pour la sulfureuse Lucienne Goldfarb, dite « la Rouquine », dont un destin extraordinaire fit après la guerre une tenancière de maison close amoureuse de l’opéra. Ce portrait de groupe saisissant éclaire une page trouble, héroïque et polémique des années noires, qui continuent de hanter la mémoire collective.