Née à Zahlé, Carmen Boustani est une universitaire et écrivaine franco-libanaise d’expression française. Professeure des universités, romancière et essayiste, elle a reçu la Médaille d’honneur des écrivains de langue française en 2011, les Palmes académiques, en 2006, et la Médaille d’or et le prix d’excellence du CNRS, à l’occasion de son jubilé d’or, en juin 2012.
May Ziadé
La Passion d’écrire
Pionnière du féminisme orientale, la vie passionnante de May Ziadé, grande poétesse libano-égyptienne.
Ayant grandi entre la Palestine et le Liban, Marie Ziadé (1886-1941) immigre finalement au Caire avec sa famille. C’est là qu’elle choisit, avec la complicité de sa mère, son nouveau prénom, May. Née dans une famille d’intellectuels, elle déploie son écriture dans la presse nationale et rédige des biographies pour mettre en lumière des personnalités féminines de talent. La finesse de son style et sa force imaginative la dirigent également vers la poésie et le roman. Figure majeure de la vie culturelle de l’époque, elle se lie d’amitié avec nombre de ses contemporains. Et elle développe une relation amoureuse épistolaire avec le poète Gibran Khalil Gibran. Adorée par ses pairs puis reléguée vers l’oubli, May a subi la misogynie de ses cousins. Ils ont voulu la spolier de son héritage jusqu’à la faire interner en hôpital psychiatrique dont elle est finalement sortie, à jamais brisée par les deuils et la souffrance.
C’est avec une précision d’orfèvre que Carmen Boustani a rédigé cette biographie. Le portrait extrêmement fourni de May Ziadé, considérée comme l’une des premières féministes du Moyen-Orient, dévoile une femme au caractère affirmé et à la sensibilité sans pareille. On y découvre également une fresque vivante et passionnante de la vie culturelle de Beyrouth et du Caire aux XIXe et XXe siècles.
May Ziadé casse l’idée qu’une femme créatrice appartient à la gent masculine. Cette femme sans enfants engendre des générations de femmes qui lui ont succédé, et qui, tout en innovant, lui restent liées par une parenté de pensée. C’est ce qu’on pourrait appeler une “fonction maternelle” dans le champ du symbolique. Sa vie est un roman, au cœur des choses, toujours ouvert, qui ne connaît pas de fin et ne prend sens que revisité par la littérature. C.B.
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