Depuis sa formation au Conservatoire de Paris (CNSAD), Catherine Benhamou poursuit une carrière de comédienne qui l’a menée à l’écriture. Plusieurs de ses pièces ont été jouées. La mélodie sans les paroles est son troisième texte édité aux éditions des femmes-Antoinette Fouque. Elle a reçu en 2020 le Grand Prix de littérature dramatique Artcena pour Romance (éditions Koïnè).
Une femme confie son bébé à un jeune inconnu sur le quai d’un RER et s’en va.
Une fiction inspirée d’un « fait divers » récent.
Un enfant crie dans le RER. Sa mère laisse le bébé à un jeune homme qui l’a aidée à descendre la poussette sur le quai. Tout s’est passé en quelques secondes, les portes du wagon se sont
refermées et la mère s’est fondue dans la cohorte des voyageurs, regardant à travers la vitre son enfant et l’inconnu, assez désemparé. Que faut-il faire ? Se rendre au commissariat et confier
l’enfant aux assistantes sociales ?
L’homme qui lui aussi a une vie difficile, fumeur de shit désœuvré ne sortant quasiment plus de sa chambre, s’imagine quelques heures garder le bébé, mais il finit par “suivre la
procédure”.
Lors du procès de la mère, il est dans l’assistance et relate le passé de cette femme sans prénom, anonyme parmi les anonymes, abandonnée par le père de l’enfant. Elle ne cesse de répéter qu’elle
n’y arrivait plus, tout simplement. Sous les regards accusateurs, il est le seul à essayer de la comprendre et croise une dernière fois son regard, comme ce fameux jours, à travers la vitre du
RER.
Catherine Benhamou, qui excelle dans la capacité d’exprimer les émotions les plus retenues en peu de mots, signe un texte poétique percutant sur le désarroi d’une mère au bord du précipice.
« Parce qu’ils ne savent pas, ils n’imaginent même pas ce que c’est de ne pas y arriver, bien sûr il y a des jours où c’est
difficile pour tout le monde, il y a le travail, la fatigue, ça c’est pour tout le monde, le manque de place dans les crèches, pour eux aussi, la vie elle est compliquée parfois, mais on
se
débrouille, tu n’y arrives pas eh ben tu fais comme toutes les autres, tu essayes encore jusqu’à ce que tu y arrives et même si tu
n’y arrives toujours pas, tu y arrives quand même un peu, tu ne fais pas toutes ces histoires avec un procès pour toi toute seule au tribunal correctionnel, rien que ça, et faire déranger tout ce
monde pour même pas un animal. » C.B.
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