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Rim Ridane, triple championne du monde de boxe française, mais aussi...

Université de Caen Normandie
Université de Caen Normandie

interview réalisée par Noëlla du Plessis (présidente du groupe de Caen)

 

Vous êtes actuellement préparatrice mentale des équipes de foot du stade Malherbe et jeune chercheure en neurosciences à l’université de Caen, pouvez-vous nous présenter votre parcours, déjà très riche ?

Originaire d’Angers, j’ai fait un master en STAPS à Nantes, master d’enseignement qui m’a permis, après l’obtention du CAPET, en 2014, de débuter ma carrière dans l’enseignement.

Dès mes études en STAPS, je me suis inscrite en boxe française, d’abord en sport universitaire ensuite dans un club fédéral ; j’ai donc mené un parcours sportif parallèlement à mes études, puis à ma carrière. J’ai obtenu mon 1er titre, celui de championne de France universitaire, en 2014, puis chaque année un autre titre, national, européen ou mondial (mon 1er titre mondial a été obtenu en 2016).

Tout en étant enseignante et en faisant de la compétition, j’ai commencé à m’intéresser à l’hypnose thérapeutique. J’ai obtenu un diplôme dans ce domaine en 2016 et j’ai alors commencé à suivre des patients en continuant d’enseigner. En effet, mon statut de sportive de haut niveau me permettait de bénéficier d’une décharge horaire. J’ai cependant rapidement pris une disponibilité auprès de l’Education nationale, ouvert mon cabinet d’hypnothérapie et suis devenue préparatrice mentale de sportifs de haut niveau (auprès du SCO d’Angers en 2017). 

Après un 1er arrêt de la compétition en 2018, car j’avais envie de voir autre chose, je me suis réinscrite en fédéral en 2021. J’ai alors été championne de France en 2021 et 2022, obtenu mon 3e titre mondial en 2022 et remporté, la même année, le World Combat Games en Arabie Saoudite. J’ai à ce moment-là arrêté la compétition mais je continue de m’entraîner.

Le manager d’Angers venant à Caen, je suis depuis 2020 préparatrice mentale des équipes féminine et masculine de foot du stade Malherbe. Ayant toujours voulu faire des études en neurosciences du comportement, je me suis alors inscrite en master à Caen, l’une des meilleures universités en neurosciences et je suis, depuis le début de l’année, en doctorat au laboratoire Comète, ce en partenariat avec le stade Malherbe.

 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre rôle de préparatrice mentale et s’il est facile, quand on est une femme dans un milieu masculin, de se faire entendre ?

Mon objectif est de préparer mentalement les joueurs de foot pour chacune de leurs échéances sportives mais aussi afin qu’ils se sentent bien au quotidien. Le but : s’épanouir totalement pour être performant. Le métier se développe de plus en plus en France ; à l’étranger on a déjà bien compris que, si le mental ne suit pas, le physique non plus ; le mental joue à 60 % dans la performance. 

S’il est vrai qu’il n’est pas facile d’entrer dans un monde à connotation masculine, ce qu’est le monde du foot, quand on fait ses preuves, on est très bien accueilli.

Le stade Malherbe est un club qui tient vraiment à l’image de la femme, à la bienveillance, que ce soit au niveau de la direction, des employés ou des sportifs. Tous ont un projet commun où la complémentarité est mise en avant.

 

Pourquoi vous lancer, à 37 ans, dans de nouvelles études ?

Je répondrai, spontanément, parce qu’on n’a qu’une vie. Je suis convaincue que mon âge, mon activité présente, ne constituent pas un obstacle pour me lancer dans un projet. Si on se donne les moyens, on se donne la capacité de réussir. J’ai donc commencé mes études en neurosciences du comportement parce que j’en avais envie, que cela aurait été pour moi un échec, une source de regrets, si je ne m’étais pas donné les moyens de le faire.

J’aime apprendre, comprendre ; on est fait pour découvrir et pas se contenter de, par crainte ou confort. Comment peut-on accepter de ne pas avancer ? 

Est-il facile d’être une femme dans le milieu sportif ou de la recherche, exigez-vous plus de vous-même pour être à la hauteur ?

C’est simplement différent. Finalement, est-ce qu’on n’impose pas à un homme des actes ou une image (être fort, toujours présent, toujours rigoureux) ? Je ne me suis jamais sentie inférieure ou moins bien considérée. En fait, si on met en avant la différence, on la nourrit aussi.

C’est pour moi une question délicate : je comprends bien les problématiques, mais je n’ai jamais eu de réflexions à ce niveau, notamment à la boxe française où 40% des sportifs sont des femmes. J’ai, par contre, déjà entendu des réflexions en boxe anglaise.

En tout cas, je n’ai pas exigé plus de moi, je n’ai pas subi de pression parce que j’étais une femme.

J’aime ma vie ; je la remercie pour toutes les opportunités offertes. 

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