Militante active depuis plus de cinquante ans, Monique Dental a construit un parcours politique nourri de multiples révoltes contre les rapports de domination de classe, coloniale et patriarcale. Dans cette trajectoire engagée, le féminisme et ses différents combats sont devenus centraux. Mais, par son parcours, ses choix militants et ses réflexions, Monique Dental occupe une place singulière dans le paysage féministe en France : ancrée dans le courant « lutte des classes », qui défend depuis les années 1970 une articulation des combats féministes et anticapitalistes, elle entretient un rapport distant aux syndicats et partis politiques quand la plupart des féministes « lutte des classes » s’y engagent. Féministe radicale, elle n’hésite pas à travailler et militer dans les institutions du féminisme d’État et à s’engager pour la parité en politique. Attachée à la lutte collective, elle tient farouchement à son indépendance de pensée et d’action et fonde, dès la fin des années 1970, le collectif de pratiques et de réflexions féministes « Ruptures ».
2Cette singularité apparaît aussi par l’interrogation permanente qui anime Monique Dental sur les formes que doit prendre la protestation féministe. Le refus des organisations militantes hiérarchiques, hérité du féminisme des années 1970, est au cœur de sa réflexion. Les questionnements sur les relations entre féminisme, partis politiques, syndicats et institutions nationales et internationales nourrissent également son parcours : le mouvement féministe n’est-il pas toujours en butte à la nécessité de se situer et de se faire reconnaître ? Comment doit-il alors maintenir son autonomie ? Dans son récit, Monique Dental nous donne à voir le chemin et les engagements qui ont été les siens pour tenter de répondre à ces questions, mais aussi les voies de transmission qu’elle a empruntées ces dernières années.
Alban Jacquemart et Jacqueline Laufer
JACQUEMART Alban, LAUFER Jacqueline, « Monique Dental, féministe en ruptures », Travail, genre et sociétés, 2019/2 (n° 42), p. 5-22. DOI : 10.3917/tgs.042.0005. URL : https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2019-2-page-5.htm
Elle présente
Ce livre est issu de trois tables-rondes organisées par le Réseau Féministe "A RupturesA " à l'occasion des quarante ans de Mai 68. Composé de témoignages de femmes qui, à cette époque, particiapaient ou non à des mouvements politiques, cet ouvrage présente un double intérêtA : il nous fait vivre - ou revivre -l'éclosion puis l'essor du MLF. Ainsi, la singularité de l'évènement est d'abord saisie dans son avènement, son bouillonnement, son incandescence.
Pour autant, ces témoignages n'excluent pas un regard distancié permettant une analyse rétrospective et des retours critiques. A travers la diversité des parcours se dégage une idée cléA : Mai 68 est la brèche, le creuset d'où surgira le mouvement de libération des femmes. Très vite, en effet, ces jeunes femmes, actrices et témoins de cet "A évènementA ", éprouvent un malaiseA : aucune évocation de l'oppression des femmes.
Quelle place peuvent-elles trouver dans le langage dogmatique des gauchistesA ? Aucune.
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