Avec Renée Gérard nous sommes allées au musée Guimet pour visiter l’exposition « Toucher le feu : Les femmes céramistes au Japon ». C’est après la Seconde Guerre mondiale que les femmes osèrent combattre la tradition qui faisait du fils ainé celui qui pouvait accéder à la formation de l’art céramique interdite aux femmes. « L’art céramique matérialisant les croyances du shinto, il était inconcevable que les femmes longtemps considérées comme impures puissent toucher un four ». (Joan B. Mirviss in Toucher le feu MNAAG, Musée National des Arts Asiatiques Guimet). Elles n’avaient donc pas le droit de manier le tour de potier ni de toucher le feu. C’est au XIXe siècle que le Japon a connu des transformations sociales et culturelles qui ont bouleversé sa société : l'empereur par exemple a perdu sa qualité d’être divin. Il a bien fallu de tels bouleversements pour que les femmes puissent enfin tenter l'aventure. Puis elles accédèrent aux enseignements des universités des arts à partir de 1945 à Kyoto et de 1952 à Tokyo.
En 2007, la première exposition qui eut lieu au Japon fut ensuite présentée au musée national de la Céramique à Sèvres à Paris sous le titre de « Résonnances contemporaines/25 céramistes japonaises », puis dans des musées américains.
Hoshlno Kayoko 2018
2e génération d’artiste : la surface de cet anneau est travaillée au brin de paille et aux instruments métalliques.
Koire Shoko 2019
Shell Vessel. Les formes irrégulières sculptées en grès pincées, étirées montrent des surfaces ondulées.
Au centre une tache translucide bleu-vert précieuse, hypnotique
Hodono Hitomi (les fougères) 2016.
Elle travaille à partir de formes naturelles de végétaux dont elle reproduit les feuilles et les rameaux un à un avant de les assembler sur le vase ce qui demande une grande patience.
Ono Hakuko 1980
Elle reçut le prix de la société japonaise de la céramique par son utilisation de la feuille d’or sous glaçure. La réalisation nécessite trois cuissons successives.
Le même auteur nous révèle que les maîtres céramistes femmes menacent aujourd’hui la suprématie de leurs homologues masculins : elles ont pu s’affranchir des limites imposées par les traditions familiales. Elles s’éloignent des courants traditionnels japonais en réalisant des pièces non fonctionnelles. « Le rapport à la nature et à ses formes sculpturales est le trait dominant de cette génération qui fait le choix d’une matière rude, texturée, organique, délaissant le lisse et le doux … Les femmes, au Japon, écrivent une des plus belles saisons de la céramique contemporaine, incontestablement l’une des plus créatives au monde » ; (Sophie Makariou, présidente du MNAAG).
Claude Mesmin & Renée Gérard
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