La femme est le symbole d’une Chine qui regarde vers l’avenir. En 2014, 51 % des diplômés chinois post bac étaient des femmes. Et pourtant. La politique de l’enfant unique mise en place entre 1979 et 2014 par Den Xiaoping, a eu pour conséquence une différence entre les hommes et les femmes qui se chiffre à plus de 20 millions d’individus.
Cette politique fut encouragée par les principes antinatalistes américains qui se développèrent au sortir de la seconde guerre mondiale. Craignant la puissance fertile des pays pauvres, de puissantes fondations vont financer des programmes de contrôle des naissances dans les pays en voie de développement, l’Inde mais aussi la Chine via ce que l’on va nommer le Fonds des Nations Unies pour la population.
Dans ce contexte, mettre au monde une fille dont on devra payer la dot est devenu un fardeau : « Elever une fille c’est cultiver le champ de son voisin » dit le proverbe. Mais aujourd’hui la Chine se reconstruit en tentant de pallier au déséquilibre démographique entre les hommes et les femmes. La sélection prénatale s’amenuise tout comme les inégalités d’éducation, de soin et d’accès à l’emploi. Le départ massif des jeunes femmes vers la ville est animé par un désir fort de prendre son destin en main. Ce revirement politique place désormais la femme au centre de tous les intérêts. A Shanghai, entre tradition et modernité, les nouvelles générations de jeunes femmes pourraient bien changer la société chinoise. Cette mégalopole cosmopolite qui est en pleine mutation ferait presque pâlir New-York tant elle dégage une énergie décomplexée. L’urbanisation rapide a permis aux femmes de trouver du travail mais aussi un pouvoir d’achat et des loisirs. Qui aurait pu dire qu’en 2018, la Chine serait classée dans le top 10 mondial des pays ayant le plus grand pourcentage de femmes dans les conseils d’administration des entreprises ? Shanghai se mue et la femme chinoise aussi. S’inventer y est le maître de mot. La chine conquérante est de retour mais elle se conjugue désormais au féminin. Car aujourd’hui, dans les grandes mégalopoles chinoises, « les femmes soutiennent la moitié du ciel ».
Anne-Sophie COPPIN
Professeur d’Histoire contemporaine
Political and Cultural advisor
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